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Quand le principe de précaution nous empêche de nous épanouir

Le point de vue de notre psychologue, Michèle Declerck

Aujourd’hui, nous nous protégeons de tout : de la société, des autres, de la précarité, de la solitude, de la vieillesse, etc. Résultat, nous ne vivons plus le moment présent et ratons ce que nous essayons justement de sauver. Voyons comment fonctionne ce phénomène, le principe de précaution…

 

Dès l’adolescence…

L’adolescence est le lieu de tous les dangers. Craignant la drogue, la délinquance, l’alcool, les bagarres… les parents se sentent impuissants à les protéger et, partant de là, balisent le terrain très tôt avec toutes sortes d’interdictions. Pourtant, l’adolescent a conscience des dangers et éprouve de la peur. 

 Il faut bien comprendre que la tâche qui consiste à passer d’un corps  d’enfant à un corps d’adulte est difficile. Difficile aussi d’assumer le passage d’un statut d’enfant à un statut d’adulte dans une société où on vous a laissé entendre qu’il n’était pas sûr que vous ayez votre place…

Toute initiative parentale risque d’introduire un effet de boomerang. Pour l’adolescent agressif, l’essentiel va être de s’armer de patience et de ne surtout de ne pas rompre le lien..

Pour l’adolescent « en fuite », les parents doivent faire attention aux comportements alimentaires de leurs filles. Concernant les garçons et leur addiction aux jeux vidéo, il existe des groupes de parole spécifiques.

Pour l’adolescent apathique mineur, on peut faire appel à des institutions capables de les prendre en charge, capables de leur faire retrouver les règles qui leur ont manqué. Les majeurs n’ont quant à eux pas beaucoup de solutions, à moins que leurs parents n’emploient la manière forte !

 

Le malaise des trentenaires

La pression de la société invite souvent les trentenaires à « rentrer dans le moule », et le principe de précaution fait alors sa réapparition. Il n’est pas rare que le jeune adulte se voit accepter un travail alimentaire qui suffira à procurer un confort modeste. Les filles, passées les années d’insouciance, vont revendiquer leur droit à avoir un enfant, un mari, une maison, ce qui peut paraître « démodé ».

Certaines femmes vont se réaliser et s’épanouir au travers de leur maternité et d’autres, au travers de leur carrière professionnelle, alors même que l’horloge biologique rappellera à l’ordre ces der-nières. Ce qui fait question quant à l’authenticité de ce désir, c’est qu’il s’exprime essentiellement par rapport au regard des autres…

Il est important de ne pas confondre ce qui est de l’ordre du désir avec de simples mesures de prudence, comme faire un enfant pour ne pas regretter plus tard, se mettre en couple pour ne pas vieillir seul, se charger d’une famille pour oublier ses projets, etc.

 

Changer de vie

Une fois installé dans le quotidien arrive souvent, à un certain âge, une remise en question, un besoin de changement. Le principe de précaution fait alors ici une nouvelle apparition sous forme de « pas en arrière » que l’on fait lorsqu’on n’est pas prêt ou lorsqu’on sait qu’une telle décision pourrait engendrer des bouleversements dans sa vie. Il faut une bien forte motivation pour échanger le confort d’une situation acquise, contre les risques d’une échappée solitaire. 

Il s’agit ici d’évaluer à fois les conditions concrètes du changement, ses propres capacités à concrétiser un projet et à le conduire dans le temps. En effet, tous les projets aboutis été longuement organisés et minutieusement planifiés.

Tout changement factuel s’accompagne d’un changement en profondeur : rompre avec les habitudes acquises, apprendre de nouvelles techniques, adopter d’autres manières d’être et de communiquer, voire réviser les idées reçues. Et surtout, on change POUR aller vers quelque chose et non contre ou en réaction à quelque chose.

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